mardi 4 décembre 2007

Jardin partagé

Dans le contexte de l'ORU du quartier Bernon, la déconstruction a permis la mise à jour d'un espace d'1,5 hectares.
Cette déconstruction est connue et subie de long terme par les habitants du quartier ; une dynamique de concertation indispensable, aux ambitions affichées par la Loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, a été mise en place.
Dans ce cadre, proposition est faite par les habitants consultés de mettre en place un jardin partagé selon des modalités à définir plus précisément via une phase de consultation de l'ensemble des habitants visant à leur permettre de s'approprier le projet, de le personnaliser en fonction de leur attente et donc de le pérenniser dans l'avenir.
Il s'agit donc dans un premier temps de faire connaître le projet.

Définition du terme jardin partagé : (source brochure présentant le programme de "jardins partagés" de la mairie de Paris : le programme "La main verte")
C'est un jardin de proximité, animé par une association proposant des activités collectives de jardinage développant l'éducation, l'insertion et la création de lien social.

Il convient de souligner que si le jardin partagé est un jardin de proximité concernant avant tout les habitants du quartier. Il peut s'adresser à un public plus large dans le cadre d'actions pédagogiques adressées à l'ensemble des écoles de la ville ou via des actions d'ouvertures du jardin au public (repas de quartier, soupes mensuelles, événement national "les jardins en fête", animation pour halloween, animation pour la fête du printemps, etc.) qui permettraient de prolonger l'action de l'ORU en terme de désenclavage et d'amélioration de l'image du quartier.
Toujours dans le cadre de la pérennité des travaux engagés par l'ORU, le jardin partagé peut participer à la résidentialisation en spécifiant un usage à des espaces indifférenciés améliorant d'autant leur sécurisation.
En ce sens, le jardin partagé est une réponse à plusieurs points soulevés par l'ORU concernant l'appropriation du projet par les habitants, par exemple, condition sine qua none à la réalisation des objectifs visée par la Loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine.
En effet, c'est un projet fédérateur, créateur de lien social, porteur de valeurs citoyennes et d'une grande sensibilisation à l'environnement.
Le jardin permet de mettre en place un lieu convivial où l'échange de savoir, le partage de compétences et l'apprentissage de la civilité permettent une mixité inter-générationnelles et inter-ethniques.
Comme il permet d'améliorer le cadre de vie et la qualité de vie des habitants non seulement par l'accès à un loisir de proximité mais aussi en végétalisant le quartier de manière ludique et collective ; il confère donc de fait une nouvelle expertise aux habitants concernant le paysage de leur quartier ce qui favorise l'appropriation de l'espace public propre à la résidentialisation. Le rapport à l’espace public se trouve restauré grâce à ce type d’action.
C'est un exemple d'aménagement durable à échelle humaine, en effet, le remplacement de surfaces engazonnées par des jardins partagés a des effets positifs sur la consommation d'eau autant que sur le tri des déchets organiques qui peuvent être réutilisés comme compost, réduisant d'autant les coûts de traitements et transport liés à ces déchets.
De plus, il participe à la biodiversité urbaine tout en ayant une fonction sociale grâce à sa fonction d'auto-consommation.
Il peut servir à des actions pédagogiques ou d'insertion orientées sur le cycle végétal, la bio-diversité, le jardinnage, l'équilibre alimentaire, le goût. Dans des quartiers où le taux de chômage est élevé, le jardin partagé peut permettre à certaines personnes de passer d'un statut passif à un statut actif leur permettant de changer positivement leur image d'eux-même ainsi qu'auprès d'autrui.

De nombreuses expériences de jardins partagés existent en France (Paris, Bordeaux, Brest, Nantes, Toulouse, etc.) comme de part le monde (Beyrouth, Bruxelles, Lausanne, etc.), certains d'entre eux ont plus de 30 ans d'existence (cas des jardins communs de New York) démontrant la possible pérennité du projet, tout en lui donnant de solides appuis en terme de conseils et de documentations via les réseaux mis en place par ces jardins pré-existants (
réseau national "Le Jardin dans tous ses états" ).

Ce type de projet reste relativement peu onéreux tout en permettant facilement des aménagements pour un accès aux personnes handicapées (allées stabilisés, tracé rectiligne, présence de repères, bac surélevés).
La plupart des équipements et des plantations sont pourvus par les usagers. Les frais de conception sont moindres et portent principalement sur :
* la mise en place d'une clôture qui détermine non seulement l'emplacement du jardin mais surtout le protège des animaux domestiques ou errants,
* la mise en place d'un filet semble elle aussi indispensable pour protéger les semis et les jeunes pousses des pigeons nombreux dans le quartier,
* l'installation d'un cabanon pour les outils serait bienvenue.
Il convient de préciser que selon des études réalisées par des techniciens d'espaces verts :
* Les frais d'aménagement d'espaces verts conventionnels varient de 15 à 70 € H.T./m2
* La création de parcelles individuelles regroupées en jardins familiaux coûte entre 10 et 28 € H.T./m2
* La création de jardins communautaires, de proximité ou insérés dans une trame verte urbaine, coûte entre 7 et 22 € H.T./m2
Selon la Fédération des Jardins Familiaux de l'Agglomération de Reims, un jardin de 120 m2 requiert six heures de travail minimum par semaine et un budget de 120 € (pour les achats de semis ou de plants, carburant pour tondeuse et motoculteur, traitement) qui peut diminuer si les jardiniers produisent eux même leur semis, graines, traitements (purin d'ortie, etc.) .

Moins coûteux, mais plus riches en fonctions sociales et écologiques, le jardin partagé s'inscrit dans une meilleure "efficience économique globale" des investissements publics.


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