A force de s'intéresser à ces histoires d'ORU, on finit par apprendre plein de vocabulaire technique : résidentialisation, béton cannelé ou encore "décohabitation".
Donc décohabitation, c'est un mot super formé avec le mot "habitation" et les deux préfixes dé- et co-. Le préfixe co- signifiant "ensemble" et le préfixe dé- signifiant "séparation, cessation". Bon dit comme ça, ça fait pas trop cohérent du "ensemble" (co) qui est "séparé" (dé).
Alors on va traduire, la décohabitation c'est quand des gens qui habitaient ensemble (sans présumer des raisons qui les poussaient à le faire) "décident" de ne plus habiter ensemble. Les cas les plus simples sont logiquement quand les enfants quittent le foyer parental ou quand un des conjoints quitte le domicile conjugal.
Dis comme ça, ça a l'air simple et surtout ça concerne potentiellement beaucoup de personnes (rien que chez moi, un jour, ils seront trois à vouloir décohabiter).
Mais en quoi, cela concerne spécifiquement l'ORU ?
Et bien, parce que avant de faire l'ORU, y'a une enquête de faite sur les personnes à reloger et cette enquête a vocation de diagnostic notamment sur la surpopulation dans les appartements. Et la solution la plus simple à un cas de surpopulation c'est bien d'en décohabiter quelques uns au passage.
Donc, il y a les cas simples : le jeune couple qui vit chez les parents car ils ne sont pas en capacité de se payer un logement, facile, enfin en théorie parce qu'en pratique les appartements avec la bonne surperficie sont pas forcément disponibles.
Et puis, il y a des cas plus complexes, plus propres aux quartiers et presque typiques des ORU puisqu'elles se déroulent dans des quartiers : la décohabitation des familles polygames qui posent plusieurs problèmes.
D'abord au niveau légal, puisque la polygamie est interdite en France c'est d'ailleurs une condition sine qua none à l'obtention de titre de séjour depuis Mr Pasqua en 1993.
Ensuite au niveau humain, pour les enfants à qui on explique souvent mal ce qu'il se passe, pour les épouses et souvent la seconde qui, même si elle manifeste l'envie volontaire de partir (pas toujours acquis) à souvent de gros problèmes d'autonomie.
Enfin au niveau financier, sur des populations déjà qualifiées de fragiles, où vient s'imposer la charge d'un second logement et les frais annexes en transport s'y afférant.
Un sujet délicat, difficile et trop souvent tabou.
(Voir cet article de 2005 dans Le monde et pourtant toujours terriblement d'actualité.)
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