jeudi 29 novembre 2007

Jamais mieux que par soi même

Puisqu'on est jamais mieux servi que par soi-même et que l'information peut parfois être ommise (au mieux) voire dissimuler (au pire).

Nous allons donc collecter tous les éléments possibles sur cette histoire.

Cela commence par l'historique :
A partir de 1968, les architectes Michel Andrault et Pierre Parat de l'agence ANPAR (Andrault & Parat) construisent la Zup de Bernon, au titre d'un programme triennal de construction de 676 logements ET les pyramides.
Les travaux durent jusqu'en 1972.
Quand on découvre cela, on voit tout à fait le délire de l'architecte qui contruit un agencement de cellules en terrasse en grand (la ZUP) et en petit juste à côté (les pyramides).
Les deux font parties du même quartier pour la ville et ne sont physiquement séparé que par une petite rue (même pas une grande avenue). Et pourtant, les deux vivent sans se cotoyer et pour cause dans la ZUP y'a des pauvres locataires sociaux alors dans les pyramides y'a soit des propriétaires soit des locataires privés... Comme quoi, le coup de la mixité social, ça a déjà été tenté avant l'ORU et qu'en fait : ça marche pas.
Non parce que les pyramides faut les voir, ça tient quand même plus du camps retranché de Babaorum (cf Astérix) que des logements ouverts sur leur quartier...
Reste qu'elles sont pourtant pile là où l'ORU les auraient placées cad à l'extrémité du quartier :
i1 sera privilégié des reconstructions sur des poches valorisantes de développement urbain aux deux extrémités des quartiers afin de les désenclaver
(source)

Donc c'est pratique l'historique, ça sert à voir que les idées qu'on nous présente comme novatrices non seulement ne le sont pas mais aussi ont déjà prouvé leur inefficacité.
Dès 1977, la quartier subit des travaux visant à l'améliorer dans le cadre de l'opération Habitat et Vie sociale. De 1985 à 1988, une convention de développement social des quartiers réhabilite les batis et les extérieurs et restructure le centre commercial. De 1989 à 1993, c'est une deuxième convention de développement social des quartiers et l'opération banlieue 99 avec en 1992, 102 premiers logements sont démolis (mauvaise prévision des démographes, quartier disproportionné, vacance récurente).
En 1994, c'est le premier contrat de ville conduit jusqu'en 1998 et en 2000 un deuxième contrat de ville jusqu'en 2006.
Parallèlement, malgré les premières démolitions, une étude de 1997 du GERU (groupe d'étude et de recherche en urbanisme) préconise la dédensification du quartier par la démolition de 190 logements les plus stygmatisants. L'idée de départ était de démolir les immeubles à traversant pour réduire les îlots d'immeubles à taille humaine. Entre cette idée et l'ORU d'autres études sont passées par là. (mention )
En 2000, un diagnostic marchant du CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment) pour une restructuration du quartier est établi. Ce diagnostic non accessible mais sans doute passionnant comprend un diagnostic socio-urbain, un plan précis de réorganisation de la gestion d’habitat, trois scénarios stratégiques, des micro-projets d’embellissement rapide de certains secteurs. (source)
Et la mise en oeuvre de l'ORU en 2005.

Pour continuer dans la petite histoire :
La Ville d'Epernay présente la caractéristique de rassembler sur son territoire 94,4 % du parc locatif social de la Communauté de Communes, lequel se concentre majoritairement sur le quartier de Bernon. Tous bailleurs confondus, on recense 1 486 logements sur la Zone de Redynamisation Urbaine (Z.R.U.) de Bernon soit 41 % du parc social de la Communauté des Communes.
La SA d'H.L.M. le Toit Champenois, filiale du groupe PLURIAL, est le principal bailleur social de la Communauté de Communes. Elle gère 5 194 logements dont 3 206 à Épernay. Sur ces 3 206 logements, 2 304 sont situés dans les deux Z.U.S. (Bernon et Vignes Blanches -Beausoleil). (source)
Y'a aussi la présentation de notre ZUS sur le site du ministère de la ville aussi qui est pleine d'info.

Ensuite continuons sur l'hypothétique amménagement de 1,5 hectares :
Avec surtout le point 4 : une vingtaine de logements privatifs.
Qu'on nous a toujours présenté comme hypothétique, à peine plus qu'un vague projet.
Vague projet pourtant bien concret puisque les appels publics à la concurence sont clos depuis le 7-11-07 ; projet si vague que la Foncière Logement prévoit déjà une surface de 4260 m² permettant la réalisation de 30 à 35 logements (4 logements individuels et 25 à 30 logements collectifs). (source)
Et là, on se demande depuis quand tous ces hypothétiques projets sont déjà connus et on farfouille.
On apprend que c'est une obligation contractuelle au ORU, qui dit ORU dit mixité sociale et donc logements du 1% patronale (en précisant que ces logements ne concernent pas les activités agricoles, dans une ville où l'activité viticole règne en maitre, logique...). C'est à ça que sert la Foncière Logement dans l'ORU. Donc dès que la convention a été signée, ces logements-là n'étaient plus une hypothèse.
On en trouve d'ailleurs de nombreuses mentions un peu partout pour qui sait ce qu'il cherche.
Dans le journal local en date du 26-11-07 : Des opérations de renouvellement urbain qui s'ajouteront à la création de zones pavillonnaires après la déconstruction de Bernon. Objectif affiché : recréer de la mixité sociale dans le quartier.
Sur le site de l'ANRU : L’intervention de la Foncière Logement permettra de satisfaire la diversification de l’offre de logements.
Sur le site de Foncière Logement : Epernay : 1 terrain : Environ 30 logements individuels - Date prévisionnelle de lancement de l'AAPC : 4ème trimestre 2007 - RU/03/0130/CP01
Mais plus intéressant, c'est les mentions dans des documents vraiment anciens, comme cette convention territoriale d'application du contrat de ville de 2001 (avant même la loi borloo) qui dit déjà :
Elle pourra être élargie ultérieurement à d'autres organismes (EDF/GDF, société foncière du 1 % logement ...) dès que les conventions nationales relatives au renouvellement urbain les concernant auront été déclinées localement.
[...]
De même, i1 sera privilégié des reconstructions sur des poches valorisantes de développement urbain aux deux extrémités des quartiers afin de les désenclaver.

Ou encore des documents de fin 2005/début 2006 comme :
le comité d'engagement qui annonce : un programme d’aménagements et de constructions sur la zone libérée par les démolitions incluant notamment des contre parties Foncière.
Une contrepartie foncières sur la ZUS Vigne Blanche de l’ordre de 4600 m² est validée. La Foncière est prête à prendre un engagement de principe pour intervenir sur la zone libérée par les démolitions (si celles des bâtiments Liszt Weber sont incluses), volume et type des bâtiments restant à définir en fonction du projet urbain proposé sur l’emprise.
Et là, on apprend qu'il savait déjà où les contruire depuis bel lurette !

Et en continuant de lire entre les lignes tout est déjà là :
les concertations avec les habitants chiffrées à quelques 100 000 € (source) et même le fameux équipement tertiaire utile à tous les sparnaciens (Il s'agit de favoriser la continuité et le rattachement des quartiers à la Ville en développant des activités génératrices d'attractivité pour la population qui n'y réside pas : activités commerciales, équipements publics, dans le cadre de la recherche d'une diversité des fonctions urbaines. (source). On y apprend au passage que les concertations ont surtout une vocation citoyenne visant à impliquer les habitants dans leur quartier et à les faire se connaître pour anticiper les conflits (source). Et là, on se sent vraiment les dindons de la farce.

En farfouillant on apprend au passage que notre ORU initialement prévue jusqu'en 2008, prolongée pour retard jusqu'en 2009, n'est pas prévue d'être finie avant 2012 (source)

Bon ceci dit malgré toutes ces informations, il nous manque l'essentiel, la convention, elle a été réclamée à l'ORU. A suivre, donc.

Rectificatif du 5-12-07. Comme chacun sait l'ORU se consacre à une information claire et pédagogique. Si claire, qu'il y a effectivement des confusions (quoique pas tant que cela), oui les appels à concurence clôturés concernent bien une zone hors du quartier (vigne blanche) par contre oui la Foncière Logement a bel et bien posé une option dont rien ne prouve qu'elle n'a pas été maintenue (au contraire même) sur l'emplacement du square Weber. voir note convention.

Aucun commentaire: