dimanche 1 juin 2008

rien ne ressemble plus à une ORU qu'une autre ORU

Et pour s'en convaincre c'est facile, il suffit de prendre un article au hasard qui parle d'une autre ORU et de voir qu'en fait, on pourrait dire la même chose de la nôtre ou même l'illustrer avec la nôtre...
Exemple avec une brève de l'AFP sur Trappes. (source)

Victime de l'urbanisme malheureux de banlieue des années 70 : le constat universel pour parler de nos quartiers qui ressemble plus à une excuse qu'à autre chose d'ailleurs. Entendez que si ces quartiers existent c'est la faute aux décideurs des années 70 donc plus de stress puisqu'ils ne sont généralement plus en place et ça sent quand même l'excuse facile, parce que franchement depuis les années 70, on aurait quand même dû faire quelque chose... surtout quand on sait que chez nous par exemple, dès 1977 il existait des dossiers expliquant déjà les problèmes qu'on semble découvrir avec l'ORU...

des opérations de désenclavement, de "résidentialisation" et de modernisation des habitations sont en cours, conduites par l'agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). : toujours le même vocabulaire porteur des mêmes concepts : mixité sociale, parcours résidentiel, désenclavement, résidentialisation. Les mamelles de l'ANRU qu'on a parfois envie de confronter avec une réalité où ces concepts concernent des gens, de vrais personnes et pas seulement des statistiques.


"résidentialisation" : rues bien tracées, résidences digicodisées et plates-bandes soignées. [...]
"Bien sûr, c'est plus joli", reconnaît Annabelle [...] "Seulement depuis qu'ils ont mis des grilles, c'est Prison break ! Et pour faire les courses, on est obligé de faire tout un tour."
: Ah la résidentialisation et son côté carcéral dont on avait d'ailleurs déjà parlé ici. Ou comme dirait les urbanistes, il faut induire des comportements ; comprendre combattre les cheminements spontanés et qu'importe que pour nous ça soit plus simple si sur le dessin, c'est plus joli. Et encore une fois, on mesure combien la dimension humaine reste accessoire, voir anecdotique...

là où les travaux sont finis, des habitants parlent de "camouflage".
[...]
"Les parkings et les espaces verts, c'est bien mais on n'a pas traité les problèmes de plomberie et d'ascenceurs" [...] "On s'est occupé de la ville, pas des habitants." : Et voilà ce que l'on craint par-dessus tout : que ce vaste chantier ne soit qu'un pansement sur une jambe de bois et quand on lit que c'est ce qu'il est finalement advenu ailleurs, on est en droit de se poser des questions légitimes. Si il est nécessaire de s'occuper des extérieurs pour l'image de la ville, la réalité des habitants est dans les logements, dans leur absence d'isolation phonique par exemple qui rend difficile la cohabitation ou plus simplement dans l'image de leur quartier.

Au début des années 2000, j'avais rencontré une jeune allemande de l'ex-allemagne de l'est, sa lucidité m'avait frappé comme son fatalisme réaliste. Elle disait que la plaie entre les deux allemagnes ne pourrait disparaître qu'avec la mort de ceux qui l'avait vécu, que cette séparation avait engendré trop de malheur pour que les anciens de l'est puissent jamais l'oublier. Et quelque fois, j'aimerais ramené cette jeune fille à nos dirigeants et j'aimerais qu'elle leur explique avec cet air résigné qu'elle avait. La vie dans nos quartiers, la stygmatisation systématique des populations qui vivent dans nos quartiers ne s'effaceront pas à coup d'urbanisme ou de plan pré-programmé dans un bureau parisien. Un pan entier de la population a été rejeté, abandonné dans des cités-dortoirs qui porteraient sans doute mieux le nom de ghetto et aucun programme de rénovation urbaine ne pourra rien faire contre cette injustice vécue au quotidien par plusieurs millions de français.

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