jeudi 14 décembre 2006

Le avantage de l'ORU

Pour la société HLM chargé de la gestion du parc, l'ORU présente un avantage majeur : celui de trouver un autre responsable et de pouvoir lui déléguer les rouspéteurs.
L'ORU devient une sorte d'entité non domestiquée capable d'initiative personnelle :
- coupure quelconque : c'est l'ORU ;
- fuite dans les couloirs au point d'être inondé en rentrant chez soi : ça ira mieux après l'ORU ;
- squatters dans les couloirs, portes toujours ouvertes, boîtes aux lettres ouvertes : après l'ORU !

L'ORU ressemble à une sorte de sésame capable de tout et pourtant, capable, aussi de tout résoudre.

L'ORU nous a été présenté en grandes pompes lors d'une réunion au gymnase du quartier, dont le but n'était que de calmer les plus nerveux des relogés.

L'avantage d'un tel chantier est de tout faire en même temps, du coup chacun vient avec son problème à qui ses histoires de relogements, à qui ses histoires de réhabilitation et adieu la belle unité du quartier, chacun bataille pour lui même et la notion même de prestation compensatoire n'est seulement pas envisagée.

Au milieu de tout cela, on se pose et on regarde.

En juillet, ils ont commencés à souder d'énormes cadenas sur les immeubles voués à la destruction, à souder des plaques en fer pour bloquer les issues et à murer de l'intérieur sur 3 étages.

Mine de rien, la destruction de 391 logements, ça fait beaucoup d'immeubles de murés.
Évidement, y'a eu 2-3 cafouillages, ben oui parce que bon murer les immeubles c'était bien comme ça les vilains squatters n'y viennent pas mais bon si une canalisation péte ben le plombier non plus y vient pas...
La rumeur parle de scènes surréalistes d'immeubles condamnés avec une fenêtre ouverte au 6° étage d'où s'écoule des litres d'eau...
Les squatters aussi, ça les a amusé une partie de l'été pour trouver toutes les issues pas ou mal condamnées et c'est comme ça que le sommet des tours vides à commencer à se colorer au grès des bombes de peinture.

En se promenant pendant l'été, dans les squares désertés, la misère de l'endroit, son côté friche industrielle nous a touché d'une certaine poésie chaotique. Et nous a donné envie de montrer par nos yeux à quoi ressemblait l'ORU, ce qui plus tard nous amènera à devenir La Voix et à ouvrir ce blog.

Aucun commentaire: