C'est le mardi 5 septembre, tous les gosses sont rentrés à l'école (ouf !). Les travaux ont commencé depuis quelques semaines et les va et vient des engins commencent à nous être coutumier. Ils changent les canalisations d'eau chaude qui datent de la construction du quartier (et qui commencent à être un peu usées à en croire les dégâts fait par celle qui avait explosé dans la rue principale au printemps).
Ils creusent les tranchées pour les remplacer, il est 9 heures, un attroupement s'est formé devant le trou.
Vers 9h30, l'attroupement a grandi et des policiers empêchent de rentrer dans les blocs. Installé en bas dans le square, ils crient aux gens sur les balcons : "Sortez, sortez, ça va sauter !". Pendant que les pompiers casqués et masqués montent les étages à pied en tambourinant aux portes : "Évacuez, évacuez, il y a une fuite de gaz !". Et c'est vrai que ça sent le gaz, fort, très fort, la tête qui tourne, un bref moment de panique où l'on englobe d'un regard son appartement, l'ensemble des misérables possessions que l'on a et nous voilà parti à descendre les étages à pied avec un foulard sur le nez. À chaque pallier, c'est les mêmes scènes désordonnées de portes ouvertes, de gens questionnant et de pompiers pressés. À chaque pallier, l'odeur est plus forte.
9h45, nous sommes tous dans les squares ou sur les parkings, on entend un énorme PSSSCH et tous les accès aux immeubles sont bloqués.
Les gens se répartissent par groupes devant l'entrée d'où ils sont sorti et pas un moment quelqu'un ne pense à réunir tous ces gens au moins pour les informer. En faisant le tour par les passages entre les immeubles, on arrive à contourner la zone dangereuse
et on fait la liaison entre le responsable des travaux, GDF, les pompiers et les habitants de notre bloc bloqués sur un parking de l'autre côté.
La rumeur commence à dire qu'on ne rentrera pas chez nous avant midi et très vite se pose la question de savoir quoi faire des enfants quand ils rentreront de l'école. Les gens ont été jeté dehors sans prendre le temps de rien, il y a des gens en pyjama, en robe de chambre, parfois même en chaussons, une petite bruine tombe et on se demande où aller si la bruine devient pluie. Quelques fois, on croise une dame avec un sac et un chien ou un chat dedans. On pense aux hébergements d'urgence qu'on nous montre si souvent, en cas de catastrophe, à la TV, on se dit que laisser de gens dériver comme ça toute une matinée sur un parking c'est grossier.
Puis le PSSSCH s'arrête enfin, on commence à être rassuré et à s'intéresser aux causes de tout ce bazar.
Trop vieux le quartier, les plans pas bons, les canalisations qui ne passent pas là où elles devraient... et pourtant le sol a été sondé pour permettre de les localiser... Mais bon, après l'ORU, ça ira mieux et pis c'est pas la faute à l'ORU, c'est la faute aux vilains méchants qui ont construit le pas-beau quartier qui ont fait des plans tout-faux.
Finalement vers 11h30, quelqu'un (on ne sera pas si c'est GDF ou les pompiers) juge qu'il n'y a plus de danger et nous laisse remonter dans les immeubles (mais bon sans prendre l'ascenseur, non plus, faut pas pousser).
Vers 14h, on a toujours pas de gaz mais les ouvriers qui ont pèté la canalisation, recommencent quand même à creuser...
Pendant ce temps, c'est les gars de GDF qui triment pour réparer la connerie, parce que mine de rien la canalisation alimentait tout le square nous voilà à quelques 300 foyers sans gaz. Les gars de GDF resteront jusqu'à 22 heures en bas à réparer la connerie des ouvriers (partis à 16 heures comme d'habitude), ils finiront par s'éclairer avec les phares de leur véhicule et à 22 heures, ils remonteront dans les immeubles, appartement par appartement, pour remettre le gaz en service au quelques 300 foyers sans gaz.
Et si je ne saluerais pas l'OREUR et son p'tit N de nuisance pour être responsable de la connerie et surtout pour ne pas avoir su la gérer ; je saluerais les gars de GDF parce que je ne connais pas beaucoup de gens qui seraient resté jusqu'à 22 heures à travailler dans le noir et le froid avec comme seule motivation "on peut pas laisser les gens comme ça" et la voilà, la Vraie Notion de service public, à une heure où il n'est question que de casser les monopoles d'état et je ne peux pas m'empêcher de me dire que si ça avait pas été GDF (une entreprise de service public) ben le gaz on en aurait peut-être toujours pas...
À savoir à propos du gaz :
- Il est odorisé afin de faciliter la détection de fuites.
- En cas de suspicion de fuite, ne pas provoquer d'étincelles ( voir les bons réflexes sur GDF ).
- Le gaz naturel est explosif quand sa concentration dans l'air est entre 5 % et 15 %. En dessous de la limite inférieure et au dessus de la limite supérieure, il n’y a pas de risque d’explosion. ( source ).
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