lundi 15 décembre 2008

résidentialisation et mixité sociale

Donc comme on l'a déjà dit, je suis super mal résidentialisée puisque mon chez-moi s'étend bien au-delà de mon immeuble pour englober une bonne partie du quartier : de l'agence du bailleur jusqu'à la piscine d'un côté, du bout du parking jusqu'à l'avenue Middelkerke de l'autre côté.
Les architectes du projet de parc nous ont déjà expliqué que c'était un peu normal, parce que justement ce qu'on appelle maintenant des espaces indéterminés avaient été conçu, à l'origine, pour être des espaces à s'approprier collectivement.
Bon, ceci dit une mauvaise résidentialisation, ça s'attrape pas comme ça non plus, c'est un mal qui ronge sur des années, au début le chez-soi s'approprie peu à peu le pallier pour ronger, peu à peu, tout l'étage et finir par englober tout l'immeuble, tout le square et enfin une bonne partie du quartier.
En gros, y'a comme une corelation très importante entre le temps passé dans un quartier et son appropriation (et donc la résidentialisation) : plus on reste longtemps, plus on a tendance à trop être résidentialisé.
ça m'a sauté aux yeux en croisant une de nos étudiantes des studios à mixité sociale qui expliquait à la gardienne que les ouvriers des rénovations laissaient tout ouvert le week-end et que ça lui faisait peur à cause des squatters. Manifestement par sa façon de se tenir un peu vôutée dans le couloir, elle se sentait absolument pas chez-elle dans le couloir de son immeuble... et puis surtout, sa façon de penser que des squatters pourraient s'installer dans l'immeuble, laisse à penser que pour elle l'immeuble est un espace indéterminé qu'elle ne s'est pas approprié sinon elle penserait même pas que quelqu'un puisse s'installer dans son chez-soi.
Moi par exemple avec toutes ces années dans un immeuble qui ne faisait que se vider, ça n'a fait qu'empirer ma mauvaise résidentialisation qui gagnait en ampleur à chaque fois que l'immeuble perdait en occupants. Et jamais, ça me viendrait à l'esprit de penser aux squatters (même si en hiver, on en a toujours un ou deux qui vient dormir dans les couloirs) comme des occupants potentiels, c'est un peu comme si je pensais possible que quelqu'un vienne s'installer dans mon salon.

Et en la regardant parler à la gardienne et surtout en l'entendant dire des choses invraisemblables, de mon point de vue, j'ai touché du doigt cette fameuse mixité sociale qu'elle incarne et il a bien fallu se rendre à l'évidence et se dire qu'elle existait vraiment dans mon immeuble. Dans le sens où, l'univers de cette étudiante bien résidentialisée qui a peur des squatters est à cent lieue de mon univers trop résidentialisé où les squatters ne sont que d'anciens habitants à la recherche d'un refuge pour la nuit.

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